Le Surtourisme : comprendre et trouver
des solutions à ce phénomène

Plage bondée à cause du surtourisme

06/05/2025

Chaque été, le même scénario se répète : les ruelles pavées des villes historiques se transforment en autoroutes piétonnes, les plages ressemblent à des festivals sans musique, et les locaux s’arment de patience (ou fuient). Ce phénomène a un nom : le surtourisme.

Mais comment en est-on arrivé là ? Et surtout, comment en sortir sans pour autant mettre un cadenas sur le rêve d'évasion ?

Bienvenue dans un tour d’horizon sérieux — mais pas déprimant — du surtourisme, ses causes, ses impacts et les pistes (réalistes) pour un tourisme plus durable et plus intelligent.

Temps de lecture : 8 minutes.

I. Comprendre le surtourismeII. Les réactions (parfois musclées) à travers le mondeIII. Mieux voyager : les pistes concrètes vers un tourisme durableIV. Vers un tourisme responsable et enthousiasmant

I. Comprendre le surtourisme

1. Qu’est-ce que le surtourisme ?

Imaginez un village côtier autrefois paisible, ses petites maisons blanches baignées de soleil, ses pêcheurs à l’aube, ses marchés de quartier… Maintenant, imaginez ce même village, mais traversé chaque jour par des milliers de visiteurs, appareils photo en bandoulière, sans que les infrastructures aient changé depuis 1983. Bienvenue dans le surtourisme.

Concrètement, le surtourisme désigne un phénomène où le nombre de visiteurs dépasse la capacité d’accueil durable d’un lieu, aussi bien en termes d’infrastructures, d’écosystèmes que de tolérance sociale. Ce n’est pas qu’une question de chiffres : c’est l’équilibre même entre les besoins des touristes, des habitants et de l’environnement qui est rompu.

Le terme a commencé à se populariser au début des années 2010, notamment après les premières manifestations d’habitants excédés, à Barcelone ou à Dubrovnik. Des lieux qui, jadis fiers de leur attractivité, ont fini par en devenir les victimes.
Ce n’est donc pas un rejet du tourisme… mais du trop de tourisme.

2. Les causes principales du surtourisme

Le surtourisme n’est pas tombé du ciel : il est le résultat d’une convergence de tendances mondiales qu’il est utile de décortiquer.

Les vols low-cost et la démocratisation du voyage

Depuis l’émergence des compagnies aériennes à bas prix dans les années 2000, voyager est devenu plus accessible que jamais. Il n’est plus rare de trouver un aller-retour Paris-Budapest pour 30 euros. Résultat ? Des millions de touristes supplémentaires chaque année, souvent concentrés sur les mêmes destinations phares.

Ajoutons à cela les politiques de promotion touristique très agressives dans certains pays ou villes, qui cherchent à attirer un maximum de visiteurs pour booster leur économie… quitte à ne pas anticiper les impacts.

Les plateformes de location de courte durée

Airbnb, Vrbo et consorts ont transformé l’hébergement touristique. À première vue, cela semblait une aubaine pour les voyageurs comme pour les propriétaires. Mais à grande échelle, ces plateformes ont retiré des logements du marché résidentiel, contribuant à la flambée des loyers, à la gentrification et à la transformation de quartiers entiers en vitrines touristiques.

Les centres-villes deviennent des “décors” : plus de boulangerie, mais trois boutiques de glaces artisanales. Plus de voisins, mais des valises à roulettes à toute heure du jour (et de la nuit).

Le tourisme d’image : Instagram et TikTok aux commandes

Autre grande mutation : nous ne voyageons plus seulement pour voir… mais pour montrer que nous avons vu. Les réseaux sociaux ont transformé les lieux “instagrammables” en sites de pèlerinage touristique. On assiste à un tourisme de performance, où la recherche du cliché parfait prime sur l’expérience vécue.

Résultat ? Certains endroits sont littéralement envahis du jour au lendemain après une publication virale. L’exemple classique : un champ de lavande, autrefois paisible, devenu le théâtre d’un ballet de drones et de poses étudiées.

La concentration des flux sur quelques destinations

Enfin, il y a un phénomène de polarisation touristique. On ne veut pas aller “quelque part”, on veut aller là où tout le monde va. Résultat : Paris, Rome, Barcelone, Santorin, Kyoto... pendant que d’autres joyaux moins connus restent sous-exploités. 95 % des touristes visitent 5 % du territoire mondial, d'après l'Organisation Mondiale du Tourisme.

C’est un peu comme si on allait tous dîner dans le même restaurant en ville, alors qu’il y en a trente autres tout aussi bons... mais invisibles.

3. Les conséquences du surtourisme

Le surtourisme n’est pas qu’un désagrément passager : c’est un problème systémique aux multiples répercussions, à la fois visibles et plus insidieuses.

Une dégradation de l’environnement

L’impact écologique est souvent le plus criant :

🔸 Érosion des sentiers de randonnée.
🔸 Pollution des plages et des mers.
🔸 Déchets dans les zones naturelles mal équipées pour les accueillir.

À certains endroits, la biodiversité est directement menacée : récifs coralliens piétinés, espèces dérangées par le bruit ou la lumière, déforestation pour agrandir des infrastructures touristiques…

Des nuisances pour les habitants

Pour les locaux, le quotidien devient de plus en plus compliqué :

🔸 Les loyers explosent, poussant certaines familles à quitter les centres-villes.
🔸 Les commerces de proximité cèdent la place à des magasins à souvenirs sans âme.
🔸 La foule permanente devient une gêne dans les transports, les écoles, même dans les hôpitaux.

La cohabitation devient tension. À Barcelone, certains habitants appellent ça le “syndrome de Disneyland” : ils vivent dans une carte postale… pour les autres.

Une baisse de la qualité de l’expérience touristique

Et paradoxalement, même les touristes y perdent :

🔸 Files d’attente interminables.
🔸 Difficulté à réserver un bon restaurant local sans trois semaines d’anticipation.
🔸 Interactions superficielles avec les habitants, remplacées par des “services standardisés”.

Le voyage devient moins immersif, plus frustrant, parfois même décevant.

II. Les réactions (parfois musclées) à travers le monde


Le surtourisme a beau être une problématique mondiale, les réponses varient selon les cultures, les priorités économiques… et le niveau de saturation atteint. Tour d’horizon des principales réactions locales, parfois innovantes, parfois radicales — mais toujours révélatrices d’un ras-le-bol croissant.

Des restrictions d’accès

Certaines villes et régions n’ont pas hésité à restreindre l’accès à certains lieux emblématiques. L’île thaïlandaise de Maya Bay, popularisée par le film La Plage, en est un bon exemple : fermée plusieurs années pour permettre à la flore marine de se régénérer. Aujourd’hui, les visites sont limitées et très strictement encadrées.

À Venise, les autorités sont allées plus loin : après avoir interdit l’accès aux paquebots de croisière dans le centre historique, la ville expérimente désormais une réservation obligatoire payante pour les visiteurs à la journée. Une première mondiale qui pourrait faire école.

Des quotas et limitations

Dans certaines zones naturelles protégées, comme les calanques près de Marseille ou certains sommets alpins, des quotas de randonneurs sont mis en place pour préserver les écosystèmes. Même logique dans des lieux très fréquentés comme Machu Picchu, où les flux sont désormais très contrôlés via des créneaux horaires.

Des campagnes de sensibilisation… parfois audacieuses

Plusieurs villes ont opté pour la communication directe, quitte à bousculer les touristes. Amsterdam, par exemple, a lancé une campagne "Stay Away" ciblant les jeunes fêtards étrangers, leur rappelant que la ville n’est pas un parc à thème pour enterrements de vie de garçon.

D’autres villes investissent dans des outils numériques : des applications qui informent les visiteurs sur les lieux les plus encombrés en temps réel, les incitent à visiter des quartiers moins connus ou à adapter leurs horaires.

Ces initiatives montrent une volonté croissante de reprendre le contrôle, tout en maintenant un équilibre économique fragile. Car restreindre ne signifie pas interdire : cela veut dire mieux répartir.

III. Mieux voyager : les pistes concrètes vers un tourisme durable


Face à un phénomène aussi global que le surtourisme, les solutions ne peuvent être que collectives et stratégiques. Pas de potion magique… mais une série de leviers à activer — certains au niveau institutionnel, d’autres à la portée des voyageurs eux-mêmes.

Diversifier les destinations (vraiment)

Aujourd’hui, la surconcentration géographique est l’un des piliers du surtourisme. Or, les richesses culturelles, naturelles et humaines ne manquent pas hors des sentiers battus. Encore faut-il les valoriser !

Cela suppose :
🔸 Des campagnes de promotion mieux réparties.
🔸 Une valorisation du tourisme rural, patrimonial, gastronomique, artisanal.
🔸 Des infrastructures adaptées dans les zones moins connues… mais prometteuses.

Et si, au lieu de Venise en juillet, on découvrait Padoue en septembre ? Moins de selfies, plus de rencontres.

Favoriser les séjours plus longs et plus immersifs

Voyager moins souvent, mais plus longtemps et plus profondément, c’est l’un des fondements du slow tourism. Ce modèle encourage :

🔸 Des itinéraires à pied, à vélo, ou en train.
🔸 Des séjours multi-activités avec les habitants.
🔸 Une vraie connexion émotionnelle et culturelle avec le lieu.

Les voyageurs y gagnent en authenticité. Les locaux, en retombées économiques durables. Et la planète, en émissions de CO₂ en moins.

Mieux répartir les flux dans l’espace et dans le temps

Tout le monde veut voir Kyoto au moment des cerisiers en fleurs ? Et si on découvrait la ville sous la neige ? Ou mieux : d’autres joyaux japonais ignorés du grand public, comme Kanazawa ou Takayama ?
Cela passe par :

🔸 Des tarifs variables selon les saisons.
🔸 Des incitations à visiter en basse saison.
🔸 Une signalisation dynamique des zones moins fréquentées.

Collaborer avec les bons professionnels

Les professionnels du tourisme ont un rôle déterminant à jouer. Un agent de voyage indépendant, par exemple, peut proposer :

🔸 Des itinéraires sur mesure évitant les pics d’affluence.
🔸 Des hébergements tenus par des locaux.
🔸 Des expériences en lien avec la culture locale, loin des circuits “en boîte”.

Il devient alors acteur du changement, et non simple distributeur de destinations “tendance”.

IV. Vers un tourisme responsable et enthousiasmant


Maintenant qu’on a pointé du doigt les causes et imaginé des solutions, reste une question : est-ce que tout ça ne risque pas de rendre le tourisme... moins fun ?

La réponse courte ? Non. Et même : c’est tout le contraire.
Car voyager avec conscience, ce n’est pas “se priver”. C’est s’offrir autre chose :

🔸 Des rencontres plus sincères.
🔸 Des paysages moins abîmés.
🔸 Des souvenirs moins standardisés.

C’est aussi refuser de faire partie de la file d’attente pour "la même photo que tout le monde" et préférer les petits détours, les sentiers oubliés, les moments de silence et d’émerveillement.
Un touriste éclairé, c’est un voyageur qui se demande : “Est-ce que ma présence ici aide ce lieu, ou l’épuise ?”
Et rien que ce questionnement change déjà tout.

Ligne bleue separateur

Le surtourisme est l’un des grands paradoxes de notre époque : il résulte de notre soif de découverte… mais en menace la substance même. Il est temps de changer notre posture en tant que voyageurs — et en tant que professionnels du tourisme.

Car voyager n’est pas un droit automatique, c’est un privilège, qui s’accompagne d’une responsabilité.
Le changement ne viendra pas d’un seul décret, ni d’un boycott général des grandes destinations. Il viendra d’un changement de regard : moins de “checklists”, plus d’émotion. Moins de “must-see”, plus de must-feel.
Et si l’on commençait, tout simplement, par voyager avec intention ?

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